Les Ombres du Large

 

Beethoven – Sonate au Clair de lune

 

 
« Je viens vous dire ce silence qui correspond aux lettres que je n’ai pas écrit.
Vous raconter qu’il y a des horizons qui continuent au-delà des horizons,
Comme l’aube, qui étant l’affaire de chaque jour, ne finit jamais,
Et comme le meilleur qui s’en va rapidement, passe inaperçu ;
Bien que ça revient, nous ne voyons ni n’entendons plus comme avant ;
Le souvenir s’efforce de corriger les défauts de perception. »


« Le paysage, le chemin, la marche, la liberté, la lenteur, le silence, la solitude et la contemplation extatique, permettent d’installer le paysage dans notre corps et notre corps dans le paysage, puis marcher dans toutes les directions, comme paysage d’un paysage ».
 

 

03 Froberger – Suite #30 In A Minor – Pour passer la Melancolie – Andreas Staier
 
À cette époque-là, je traversais les régions, en observant la nature avec calme et profondeur. Pendant la durée du trajet de mon voyage, je m’arrêtais souvent, prenais le temps de regarder et d’apprécier l’incommensurable et ravissante nature. Comme un tout petit enfant, je prenais des photographies, sans me rendre compte réellement, devant quoi je me trouvais…
 

 

12 Dvorak – Waxman – Humoresque, op.100-Schubert Impromptus

 

 

1-08 Mozart Requiem In D Minor K 6
 
J’étais devenu une sorte de « chasseur de signes ». En allant par les chemins, je m’arrêtais ici et là au gré de mes caprices ; j’avais découvert que ce que je voyais, seulement moi pouvait le voir réellement. Naturellement, mon étonnement n’était pas d’être le seul, soit le premier soit le dernier devant ce réel-là qui m’observait ou qui ne savait pas où se cacher devant mon appareil photographique, mes aquarelles, pinceaux et crayons qui notaient.
 

 

05 Prelude in A flat major, Op.11 No-Scriabin_ concerto op 20 – fa #-K.Scherbakov-I.Golovschin-Moscow Sym

 

 
Pourtant, je pouvais toujours avancer sur mon cheval à quatre roues ; je choisissais les chemins et les alentours à voir ; je marchais, m’asseyais, photographiais, dessinais ou écrivais. Avec ces croquis et ces notes, j’agissais comme un vulgaire chasseur de papillons. Je sélectionnais des objets souvent arbitraires – sans que je me rende compte du risque de me laisser entraîner dans les filets de cette fascination. Nous savons en matière de perception, que quand nous sommes devant un paysage ou un objet trop éloigné ; pour éviter de tomber sous son charme et son emprise, il convient de mieux ajuster notre vision, de nous rapprocher ou de nous éloigner davantage.
 
 
Comme un animal traqué, qui se sait à moitié découvert, ce réel-là, ne cessait de tenter se cacher, tout en se montrant de plus en plus. Une partie se dérobait pendant que l’autre se dévoilait, comme le corps d’un animal étrange et dans un lieu si étrange. D’une part, il y avait mon intention de chasser d’images avec cet appareil censé capturer « ce présent-là, devant moi » ; lequel deviendrait plus tard, « le passé derrière moi qui je fait resurgir à nouveau devant moi ». Hier, étant la chose, elle-même était aujourd’hui sa représentation, qui est aussi autre chose que la chose, c’est-à-dire sa multiplication, sa copie, son imitation et son évocation. Une exhibition de sa mort ou plutôt, un souvenir de sa vie ; une seule image parmi tant d’autres : celle-ci, l’Unique : le signe, mais signe de quoi ?
 
 
Signe de lumière, d’ombre, de marche, de rencontre de considération, de vénération, de représentation et de transmutation alchimique. Et donc, j’avais découvert l’expression qui convient : partir à l’aventure, aller à la chasse, aller à la pêche. Marcher, découvrir, voir, entendre, m’arrêter et me recueillir dans les innombrables temples de la nature, dans les curiosités du monde, dans la splendeur des champs et les merveilles de la lumière. Faire une halte, chercher un coin, essayer de faire un feu avec presque rien, quelques brindilles, le frottement de deux ou trois bouts de bois, pierres ou métaux.
 
 
Voici mes péripéties par une froide matinée au soleil splendide, qui venait rechauffer le gel qui s’était déposé sur les plantes et les plates-bandes du chemin. En effet, une fois que l’aventure est passée, nous nous rendons compte, qu’il y avait un cheminement, un pas-à-pas, un déroulement, une progression vers plus de sens. Les signes nous impactaient tout d’un coup ou passaient autour de nous sans s’arrêter, sans que nous nous rendions compte, en se cachant ou en s’échappant. Mais ceux qui tombaient dans nos filets, et qui allaient tout droit dans notre besace – de ceux-là, de leurs existences peu probables, après tout – je ne donnais pas cher de leur peau ; ils pouvaient être dérobés par des animaux de proie ou des voleurs de quatre chemins. Rien de moins sûr que les trophées de chasse puissent être exhibés un jour ou l’autre. D’ailleurs, que resterait-il, des peaux, des griffes, des écailles, des tissus momifiés chez le taxidermiste ?
 
 
Non, je ne voulais pas de souvenirs, je voulais de la vie ; je ne voulais pas des colifichets, pierres de collection, feuilles d’arbre, ailes de papillon. Je voulais ce que je laissais. En effet, je prenais et j’amenais ce que je laissais. Tout ce que je ne pouvais pas prendre, je le prenais en note, je le prenais en photo, je le venerais avec mon stylo, avec mon pinceau, je l’évoquais et ainsi, sans m’en rendre vraiment compte, je l’adorais comme des idoles. Comme une présence qui me serait toujours absente, si je ne pouvais pas la voir. Ainsi, je ne voulais pas avoir ma propre démarche, sinon tout simplement, marcher, sans savoir et sans avoir – ou à peine – de quoi écrire, dessiner ou capturer dans ma boîte à images, quelques instantanées, tels des beaux merlans qui sauteraient hors de l’eau, dans l’iridescence matinale, entre les fougères et les chiendents, du champ tout proche de la rivière qui descende du ciel et pénètre dans les terres parfumées des dix mille Mystères.
 
 
Jadis, ayant donné des cours de dessin pendant des nombreuses années, me trouvant maintenant face à cette merveille, je me disais qu’il était aussi charmant de faire des bons que des mauvais dessins, car plus important que les résultats était la magie de cette perception indescriptible, puisque, quel était réellement le but ? Aujourd’hui, je sais que ce n’était pas que celui de faire des beaux dessins, mais plutôt d’œuvrer à cette rencontre entre le dessinateur et son modèle – cette rencontre du sujet lui-même, dans ses proportions, dans l’éloignement, la séparation, dans cet autre qui va, qui vient vers nous, chancelant maladroitement, avec des mauvaises esquisses ou des trouvailles incomparables, l’atmosphère est autant importante que le train, les nuages, les champs ou le modèle qui intéresse.
 
 
La contemplation de l’horizon était ma source fondamentale d’inspiration. Il s’en allait toujours, et m’invitait à libérer ma vision, en me disant : « Viens avec moi, il y a toujours à voir… » Ainsi, je découvris que voyager ne consistait pas, uniquement, à aller d’un point à un autre. Et que si les espaces clos avaient enfermé ma perception dans les méandres tortueux de mon cerveau, désormais, je pouvais m’ouvrir et voyager autrement.
 
 
C’est ainsi, qu’au cours de ceux, mes très sauvages déplacements, j’ai commencé à intégrer mon corps dans la Contemplation et le Dialogue avec la Nature. Je me retrouvais donc sur des nombreuses scènes ; j’ai photographié ma silhouette et mémorisé ces instants où je me fondais dans le paysage. Ils restent quelques tableaux de ces expériences, sortes d’aide-mémoire, qui montrent et racontent ces aventures, dont je vous montre ici quelques exemples.
 
 
Tous ces personnages de dos se trouvaient devant mes tableaux, mais pouvaient aussi se retrouver n’importe où, même au fond du paysage. Ces personnages ou ces ombres établissaient la distance nécessaire entre le motif représenté et le moi spectateur qui voyait. C’était le résultat de beaucoup de documents : lectures, croquis et ébauches effectuées au cours de ces belles promenades champêtres. Des ombres du sous-bois et de moi-même, dont nous nous entretenions tout le temps, le long du chemin.
 
 
Tous ces personnages de dos se trouvaient devant mes tableaux, mais pouvaient aussi se retrouver n’importe où, même au fond du paysage. Ces personnages ou ces ombres établissaient la distance nécessaire entre le motif représenté et le moi spectateur qui voyait. C’était le résultat de beaucoup de documents : lectures, croquis et ébauches effectuées au cours de ces belles promenades champêtres. Des ombres du sous-bois et de moi-même, dont nous nous entretenions tout le temps, le long du chemin.
 
 
L’ombre n’est pas le voyageur, sinon son évocation, son souvenir, le négatif de l’image ; la représentation paradoxale d’une image comme effacée ou inexistante ; pas exactement celle qui est indiquée. Le voyageur et son ombre sont séparés et rapprochés ; l’ombre, cet autre, n’est pas l’image de soi reflétée dans un miroir, mais un double de soi-même. Elle fait partie du voyageur, et pourtant, elle se trouve à l’extérieur, ce n’est que son prolongement.
 
 
Mes ombres étaient des images d’autres images évoquées de façon sommaire et à peine suggérées ; ce qui nous rapprochait d’images réelles avec des régions qui demeuraient secrètes et invisibles. Ombres qui nous voilaient et nous révélaient des nombreux Mystères ; lesquelles, comme casse-tête défiants, demeuraient muettes, scellées comme condamnées, telles des énigmes très difficiles à déchiffrer.
 
 
Fondu, confondu, perdu et réfugié dans l’immensité des paysages, j’ai eu ma Renaissance et j’ai trouvé l’Unité essentielle. Il reste cette mémoire de ces instants vécus, lesquels ne se reproduiront plus jamais. Celui-ci, c’est un hommage à la Nature et à l’Unité de l’Univers dont je dépends, et fais ici louanges dans mes vers.
 

_________________

[Traduction à l’espagnol]

 

Las Sombras del Vasto Horizonte

 
«Vengo a contarles ese silencio que corresponde a las letras que no escribí.
Decirles que hay horizontes que continúan más allá de los horizontes,
Como el amanecer, que siendo el asunto de cada día, nunca termina,
Y como lo mejor que se va rápidamente, pasa desapercibido;
Aunque vuelve, nosotros ya no vemos ni escuchamos como antes;
El recuerdo se esfuerza de corregir los defectos de percepción.»

« El paisaje, el camino, la lentitud, el silencio, la soledad y la contemplación estática, permiten de instalar el paisaje en nuestro cuerpo y nuestro cuerpo en el paisaje, luego caminar en todas las direcciones, como paisaje de un paisaje ».
 
 
En esa época, yo atravesaba las regiones, observando la naturaleza con calma y profundidad. Durante el tiempo que duraba el viaje, me detenía frecuentemente, me daba el tiempo de ver y apreciar la inconmensurable y encantadora Naturaleza. Como un niño pequeño, iba fotografiando, sin darme cuenta realmente, delante de lo que yo me hallaba…
 
 
Yo me había vuelto una especie de « cazador de signos ». Yendo por los caminos, me detenía por aquí y por allí en función de mis ocurrencias; había descubierto que eso que yo veía solo yo podía verlo realmente. Naturalmente, mi asombro no era el de ser solo yo, tanto sea el primero como el último ante esa tal realidad que me observaba o que no sabía dónde esconderse ante mi cámara fotográfica, mis acuarelas, pinceles et lápices que anotaban.
 
 
Sin embargo, yo podía siempre avanzar sobre mi caballo a cuatro ruedas; elegía los caminos y sus alrededor para ver; caminaba, me sentaba, fotografiaba, dibujaba o escribía. Con esos bocetos y esas notas, yo actuaba como un vulgar cazador de mariposa. Seleccionaba objetos generalmente arbitrarios – sin darme cuenta del riesgo de dejarme atraer en las redes de esa fascinación. Sabemos en términos de percepción, que cuando estamos delante de un paisaje o de un objeto muy lejano; para evitar caer bajo su encanto y su influencia, tenemos que ajustar mejor nuestra visión, acercarnos o alejarnos mas.
 
 
Como un animal que sabe que ha sido a mitad descubierto, esa realidad, no cesaba de intentar ocultarse, al mismo tiempo que se iba mostrando cada vez más. Una parte se iba ocultando mientras que la otra se descubría, como el cuerpo de un animal extraño. Por un lado, estaba mi intención de cazar imágenes con esta cámara que se supone va a capturar “ese presente-ahí, delante mío »; el cual se volverá más tarde, “el pasado detrás de mí, que hago resurgir de nuevo ante mí ». Ayer, siendo la cosa, ella misma, era hoy su representación, que es también otra cosa que la cosa, es decir, su multiplicación, su copia, su imitación y su evocación. Une exhibición de su muerte o más bien, un recuerdo de su vida; una sola imagen entre tantas otras: ésta, La Única: el signo ¿pero signo de qué?
 
 
Signo de luminosidad, de sombra, de marcha, de encuentro de consideración, de veneración, de representación y de transmisión alquímica. Y entonces, yo había descubierto la expresión que conviene: partir a la aventura, ir de cacería, ir a pescar. Caminar, descubrir, ver, oír, detenerme y meditar en los innumerables templos de la naturaleza, en las curiosidades del mundo, en la esplendidez de los campos y las maravillas de la luz. Hacer un alto, buscar un lugar, intentar hacer fuego con casi nada, algunos ramitas, el frotamiento de dos o tres pedazos de madera, piedras o metales.
 
 
He aquí mis peripecias en una fría mañana de esplendido sol, que venía a recalentar la escarcha que se había depositado sobre las plantas y los canteros del camino. Efectivamente, una vez que la aventura a pasado, nos damos cuenta, que había un itinerario, un paso a paso, un proceso, una progresión hacia algo con más de  sentido. Los signos nos impactaban de golpe o pasaba alrededor nuestro sin parar, sin que nos diéramos cuenta, ocultándose o escapándose. Pero esos que caían en nuestras redes, y que iban derecho a nuestra bolsa – de esos, de sus existencias poco probables, después de todo – yo no daba gran cosa respecto al valor de sus pieles; ellos podían ser robados por animales de presa o de ladrones de cuatro caminos? Nada de menos seguro que los trofeos de cacería puedan ser exhibidos un día u otro. De hecho, que quedaría, de las pieles, de las garras, de las escamas, de los tejidos momificados en casa del taxidermista?
 
 
 
No, yo quería recuerdos, quería la vida, no quería baratijas, piedras de colección, hojas de árbol, alas de mariposa. Yo quería eso que dejaba. Efectivamente, Yo tomaba y llevaba eso que dejaba. Todo eso que yo no podía tomar, lo tomaba como nota, como foto, yo veneraba con mi pluma, con mi pincel, lo evocaba y así, sin darme realmente cuenta, lo adoraba como ídolos. Como una presencia que me resultaría siempre ausente, si no pudiera verla. De ese modo, no quería tener mi propio enfoque, sino simplemente, caminar, sin saber y sin tener – o a penas – algo para escribir, dibujar o capturar en mi caja de imágenes, algunas instantáneas, como los hermosas merluzas que saltarían fuera del agua, en la iridiscencia matinal, entre los helechos y la mala hierba, del campo muy próximo del río que desciende del cielo y penetra en las tierras perfumadas de los diez mil misterios.
 
 
En cierta época, habiendo dado cursos de dibujo durante numerosos años – y encontrándome ahora ante esta maravilla – yo me decía, que era igualmente encantador hacer buenos que malos dibujos, puesto que mas importantes que los resultados, era la magia de esta percepción indescriptible, pues cual era realmente la finalidad? Hoy, yo sé que no era esa de hacer hermosos dibujos, sino más bien, de obrar para ese encuentro entre el dibujante y su modelo, ese encuentro del sujeto mismo, en sus proporciones, en el alejamiento, la separación, en ese otro que va, que viene hacia nosotros, titubeando torpemente, con malos bocetos o descubrimientos incomparables – ; la atmosfera es tan importante como el tren, las nubes, los campos o el modelo que interesa.
 
 
La contemplación del horizonte era mi fuente fundamental de inspiración. Él se iba yendo, y me invitaba a liberar mi visión, diciéndome: « Ven conmigo, hay siempre para Ver… » Así, descubrí que viajar no era únicamente ir de un punto al otro. Y que si los espacios cerrados habían encerrado mi percepción en los meandros tortuosos de mi cerebro, a partir de ese momento, podía abrirme y viajar de otra manera.
 
 
Fue así, que durante estos, mis muy salvajes desplazamientos, comencé a incorporar mi cuerpo en la Contemplación y el Diálogo con la Naturaleza. Me encontraba entonces en numerosas escenas; he fotografiado mi silueta y memorizado esos instantes en donde yo me fundía en el paisaje. Quedan algunos cuadros de esas experiencias, una especie de lista de tareas, que muestran y cuentan esas aventuras, de las cuales les muestro aquí algunos ejemplos.
 
 
Todos estos personajes de espaldas, se hallaban delante de mis cuadros, pero podían también hallarse en cualquier lugar, incluso en el fondo del paisaje. Esos personajes o esas sombras establecían la distancia necesaria entre el motivo representado y el yo espectador que veía. Era el resultado de muchos documentos: lecturas, dibujos y bocetos realizados durante esos  hermosos paseos campestres. Sombras de la maleza y de mi-mismo, con las que nos entreteníamos todo el tiempo, a lo largo del camino.
 
 
La sombra no es el viajero, sino su evocación, su recuerdo, el negativo de la imagen; la representación paradójica de una imagen como borrada o inexistente; no exactamente esa que es indicada. El viajero y su sombra están separados y aproximados; la sombra, ese otro, no es la imagen de sí-mismo reflejada en un espejo, sino un doble de sí-mismo. Ella hace parte del viajero, y sin embargo, se encuentra al exterior, no es más que su prolongación.
 
 
 
Mis sombras eran imágenes de otras imágenes evocadas de manera rudimentaria y a penas sugeridas; lo que nos aproximaba de imágenes reales con regiones que permanecían secretas e invisibles. Sombras que nos velaban y nos revelaban numerosos Misterios; las cuales, como rompecabezas desafiantes, permanecían mudas, cerradas como condenadas, como enigmas muy difíciles de descifrar.
 
 
Fundido, confundido, perdido y refugiado en la inmensidad de los paisajes, yo tuve mi Renacimiento y encontré la Unidad esencial. Queda esta memoria de esos instantes vividos, los cuales no se repetirán nunca más. Este es un homenaje a la Naturaleza y a la Unidad del Universo del cual dependo, y al cual hago aquí alabanzas en mis versos.
 

 

A propos de ce site

DIRE…

12 Cabezón – Diferencias Sobre El Can-Canto a mi caballero Capriccio Stravagante Skip Sempe

 

« Dire, comme étendant son linge, déplier les jambes, présenter la carte et partir en laissant la porte entrouverte avec la cloche qui sonne, et pour la première fois, écrire, crier ou prier, frappant la poitrine avec le poing ; foutre le camp de cette prison de chair et d’illusion.

« Les dés ainsi jetés sur la mappemonde, voire bouger les Peuples, se rapprocher de ses Sources et de ses Dieux ; épeler chaque nom, l’étirer, le recomposer, le renommer et continuer cette litanie jusqu’à devenir aphone, quitte à être muet, à finir par faire des signes avec les mains.

« Dire, assumant l’âge de sagesse, sans chercher ce qui brille à l’horizon ; lire, interpréter ou écrire les messages entendus, y compris si très souvent résultent erronés.

« Revenir lentement, en étendant les mots à lire et à entendre ; redire si nécessaire ce que nous avons du mal à écouter ou à dire, et oublieux, retourner dans le pêle-mêle de la Tour de Babel ; puis, au creux d’une petite escarcelle déposer l’aumône : l’offrande aux moins marchands, aux moins couards, aux plus fidèles, qui demeurent toujours réceptifs aux mots sereins.

« Tels les cheveux dans une tête, les années passées et ceux qui restent à venir, demain, seront oubliés, deviendront des âmes en peine, les êtres invisibles d’un théâtre d’ombres, errant d’ici-là, en tourmentant sans le vouloir, ceux qui restent encore vivants.

« Voyant la désolation de ces ruines du temps passé, peu à peu sur les chemins, surgissent des bandes de géants, vagabonds, contrariés qui arrivent d’un pas résolu, car ils ont perdu tout espoir, et jusqu’aux dernières guenilles, toutes ses anciennes craintes.

« Interpréter les signaux qui tardent à se manifester derrière ce pandémonium, détritus et fatras d’immondes scories qui s’en tassent partout ; heureusement, ce que nous intéresse le plus, restera toujours vivant et utile.

« Dévoiler l’au-delà de l’arrivée de l’ami nous tendant sa main ; celui qui descend après d’avoir marché beaucoup, et au bout de tant d’années, est finalement, accueilli dans la cordiale hospitalité des chaumières ; même quelquefois – comme au Moyen Âge – aux fonds de tanières redoutables.

« Tour de la Roue de la fortune, revenant sans cesse, ce qui nous dé tourne, nous empêche de voir les différences, car rien n’est fatal selon les chemins qui se prennent ; puisque cette Maison qui est la Terre c’est un ensemble de lieux, une petite auberge factice dans la grande maison du ciel qui nous entoure.

« Et ainsi, grâce aux nuages dans le paysage, interpréter les signaux, diriger les pas parmi tant de directions et sans boussole, aller vers des meilleurs horizons, sachant que le prix de la perfection de toutes ces beautés, c’est l’extrême fragilité, qui dès l’Aurore au crépuscule cherche refuge dans la chaleur des divins Cieux Boréaux gelés, après tout ce vagabondage terrestre sans fin, initié jadis, proche de Terre de Feu.

« Presque tous sont arrivés, les uns abîmés, les autres meurtris ou avec des multiples souffrances et sans pleurs ni sourires. Bien terne reste aujourd’hui le souvenir de notre enfance.

« Le résultat de ces voyages chargés de découvertes, merveilles et déconvenues, n’a eu de cesse que la paix qu’apporte la fin fleurie, ce calme parfait de toute cette beauté terrestre sous le soleil du ciel.

« Et ce sera la fin, quand la très gentille dame édentée, d’un simple coup de paupières et d’un petit sourire, ouvrira ses yeux profonds et obscurs, sur la face radiante de son cavalier, ce gentilhomme jadis agenouillé, qui pleura l’amour, la vie, l’amitié, la grandeur d’âme d’un âge désormais révolu.

« Pour tout témoignage, il ne reste aujourd’hui que ce tas de lances brisées et des vins mis en bouteille, rances et à l’abandon. »

36 Scriabine – Préludes Op. 11

_________________

[Traduction à l’espagnol]

 

DECIR…

« Decir, como extendiendo su ropa, desplegar las piernas, presentar el plano e irse dejando la puerta entreabierta con la campana sonando, y por primera vez, escribir, gritar o rezar, golpeando el pecho con el puño; largarse de esta cárcel de carne y de ilusión.

« Los dados así tirados sobre el planisferio, ver moverse a los Pueblos, acercarse de sus Fuentes y de sus Dioses; deletrear cada Nombre, estirarlo, renombrarlo y continuar esa letanía hasta volverse afónico, pese a ser mudo, a terminar haciendo señas con las manos.

« Decir, asumiendo la edad de sabiduría, sin buscar lo que brilla al horizonte; leer, interpretar o escribir los mensajes oídos, incluso si muy seguido resultan equivocados.

« Retornar lentamente, extendiendo las palabras para leer y para escuchar; volver a decir si necesario eso que más dificultad tenemos para oír o para decir, y olvidadizos, volver al amontonamiento de la Torre de Babel; luego, en el hueco de una pequeña escarcela depositar la limosna: la ofrenda a los menos mercantiles, a los menos cobardes, a los más fieles, que permanecen siempre receptivos à las palabras serenas.

« Al igual que los cabellos en una cabeza, los años idos y esos que quedan por venir, mañana, serán olvidados, se volverán almas en pena, seres invisibles de un teatro de sombras, errando de un lado para otro, atormentando sin querer, a aquellos que quedan todavía vivos.

« Viendo la desolación de esas ruinas del tiempo pasado, poco a poco sobre los caminos, van surgiendo unas bandas de gigantes, vagabundos contrariados que llegan con paso resuelto ya que han perdido toda esperanza, y hasta la última hilacha, todos sus antiguos temores.

« Interpretar los signos que tardan en manifestarse detrás de este pandemónium, todos estos desperdicios,  esta mezcla de inmundas escorias que se amontonan por todos lados; por suerte, lo que nos interesa  más, permanecerá siempre vivo y útil.

« Revelar el más-allá de la llegada del amigo tendiéndonos  su mano; ese que desciende después de haber marchado mucho, y al cabo de tantos años, es finalmente, recibido en la cordial hospitalidad de las viviendas ; incluso a veces – como en la Edad Media – a los fondos de cuevas terribles.

« Vuelta de la Rueda de la fortuna, regresando sin cesar, lo que nos da dos vías, nos impide ver las diferencias, ya que nada es fatal según los caminos que se tomen; ya que esta Casa que es la Tierra es un conjunto de lugares, un pequeño albergue facticio en la gran casa del cielo que nos rodea.

« Y así, gracias a las nubes en el paisaje, interpretar los signos, dirigir los pasos entre tantas direcciones y sin brújula, ir hacia mejores horizontes, sabiendo que el precio de la perfección de todas estas bellezas, es la extrema fragilidad, que desde el Amanecer al Crepúsculo busca refugio en el calor de los Divinos Cielos Boreales helados, luego de todo ese vagabundaje terrestre sin fin, iniciado hace tiempo, próximo à la Tierra del Fuego.

« Casi todos llegaron, algunos dañados, los otros golpeados o con múltiples sufrimientos y sin llantos ni sonrisas. Bien apagado queda hoy el recuerdo de nuestra infancia.

« El resultado de esos viajes cargados de descubrimientos, maravillas y decepciones, no ha dejado que la paz que aporta el final florido, esa calma perfecta de toda esta belleza terrestre bajo el sol del cielo.

« Y entonces será el fin, cuando la muy gentil dame desdentada, con un simple parpadeo y una pequeña sonrisa, abrirá sus ojos profundos y obscuros, sobre el rostro radiante de su jinete, ese caballero que en otra época arrodillado, que lloró el amor, la vida, la amistad, la grandeza de alma de una edad ya pasada.

« Como único testimonio, no quedan hoy más que esa pila de lanzas quebradas y los vinos embotellados, rancios y al abandono. »

25 Exaltato te, Domine, S 66 (1704)-De Lalande_ Grands Motets (Gester – Opus-Martin Gester – Le Parlement De Musique

 

 

ENTENDRE… OUÏR…

« Entendre… Le vent qui hurle, qui descend par la montagne, le souffle qui traverse les distances, rugissant, insistant beaucoup sur les gonds frémissants des portes et des fenêtres, qui tremblent. Pendant ce temps, la pluie châtie le paysage embrumé de l’obscure après-midi métallique – tout en même temps -, d’éclairs, tonnerres et foudres électriques.

« Ouïr… Les allées et venues du fouet du vent, cognant, se plaignant comme une meute de loups, là-bas, au loin, et résonant ici, au travers de la cheminée de la cabane.

« Elle n’est pas encore-là, mais peut-être que La  Tornade approche, que se trouve juste maintenant, derrière les montagnes, et que sans avertir, surgira au dernier moment – quand il n’y aura plus de mots pour le dire ni aucune solution à l’irrémédiable –, bien que pour le moment, mieux vaut ne pas y penser.

« Calfeutrer les interstices, alimenter la cheminée et raviver le feu rougissant au-dedans de la demeure. Y finalement, s’asseoir, pour entendre et regarder au travers les vitres embuées des fenêtres. Puis, à nouveau, entendre le vent gémir ou brailler, regarder le paysage de plus en plus sombre et humide. Et alors… »

_________________

[Traduction en espagnol]

ESCUCHAR… OÍR…

« Escuchar… El viento aullando, que baja por la montaña, el soplo que atraviesa las distancias, rugiendo, insistiendo mucho sobre las bisagras trémulas de las puertas y de las ventanas, que tiemblan. Mientras tanto, la lluvia castiga el paisaje nublado de esa muy obscura tarde metálica -todo al mismo tiempo-, de relámpagos, truenos y rayos eléctricos.

« Oír… Las idas y venidas del látigo del viento, golpeando, lamentándose como una horda de lobos, allá, a lo lejos, y resonando aquí, a través de la chimenea de la cabaña.

« No ha llegado ahí, aún, pero quizás que El Tornado se aproxima, que se encuentra justamente ahora, detrás de las montañas, y que sin advertir, surgirá a último momento – cuando ya no habrán más palabras para decirlo ni ninguna solución a lo irremediable –, aunque por el momento, más vale no pensar en ello.

« Rellenar los intersticios, alimentar la chimenea y reavivar el fuego enrojecido al interior de la morada. Y finalmente, sentarse, para escuchar y mirar a través de los vidrios empañados de las ventanas. Luego, de nuevo, escuchar el viento gemir o gritar, mirar el paisaje cada vez más y más sombrío y húmedo. Y entonces… »

LE FEU… LE VENT…

« Le Feu… À coups de masse sur les pierres métalliques incandescentes, les muscles rouges de Vulcain, gonflaient comme des collines dans un concert majestueux de fleuves de lave. Du feu, du feu, du feu ; permettez-moi de vous dire que ce qui est demeuré enfermé, persiste et signe, dans un fermoir infernal qui s’obstine à ne prendre de forme. Vulcain tape et Héphaïstos retape. Que cherchent-ils au juste, en frappant avec une telle rage ? C’est la question aux mille interprétations possibles, et donc, qui ne peut pas être répondue. Comment se fait-il, que les régions de l’Olympe aient été victimes de ces furieux coups de marteaux des Dieux – ou des esclaves -, qui en voulant faire du feu, fondirent d’abord, et ensuite finirent, complètement gelés ?

« Le Vent… Les vents arrivèrent par le Nord. Il y en avait un parmi eux, rubicond et rose, porteur d’une force retenue, mais infaillible ; il poussait et nettoyait tout ce qu’il trouvait dans son chemin, en laissant –curieusement– à nouveau, tout au même endroit, comme si rien ne s’était passé. Ce vent, que nous appellerons Le Vent Ami, c’était un vent éboueur –ou nettoyeur– ; et opposé à celui-ci, il y en avait un autre, sombre et concentré, qui disposait d’un très mauvais caractère et ne soufflait que très rarement, mais sans la moindre considération, et ainsi, il pouvait balayer tout sur son passage et le disperser à dix mille lieues à la ronde. Nous appellerons celui-ci, Le Vent du Désespoir, car bien que soufflant de très courts instants, ces œuvres étaient celles d’un véritable démon. Après son passage rien ne se reconnaissait plus ; la surface de la terre et les horizons olympiens, se retrouvaient complètement transformés ; à tel point, qu’un jour, les uns et les autres décidèrent tenir une assemblée en vue de trouver un remède à cet état de choses qui les faisait tant se plaindre. Et ce fut ainsi que les fleuves se concertèrent, et de là où ils se trouvaient, chacun pris un chemin différent pour arriver le plus vite au point de rassemblement choisi au centre de la vallée de la plus haute montagne de la région. Ainsi, les pluies qui pendant tout ce temps s’étaient abattues sans relâche, comme pour convaincre Les Vents Malveillants d’arrêter ou diminuer leurs courroux, cessèrent peu à peu, et laissèrent place au Vent Ami quotidien, plus connu comme l’éboueur ou le nettoyeur, qui apportait à nouveau l’accalmie et la sérénité, aussi bien sur terre que dans les jardins de l’Olympe. »

12 Coprario – While Dancing-Coprario – Funeral Teares-Les Jardins De Courtoisie, Ensemble Céla

______________

Traduit à l’espagnol

 

EL FUEGO…  EL VIENTO…

« El Fuego… A golpes de maza sobre las piedras metálicas incandescentes, los músculos rojos de Vulcano, se hinchaban como colinas en un concierto majestuoso de ríos de lava. Fuego, fuego, fuego; déjenme decirles que lo que ha permanecido cerrado, persiste y firma, con un encierre infernal que se obstina en no tomar forma. Vulcano golpea y Hefestos vuelve a golpear. ¿Qué buscan éstos precisamente, golpeando con tanta rabia? Es la pregunta con mil interpretaciones posibles, y por lo tanto, que no puede ser respondida. ¿Cómo es posible que las regiones del Olimpo hayan sido víctimas de esos furiosos martillazos de los Dioses – o de los esclavos –, que queriendo hacer fuego, se derritieron primeo, y terminaron luego, completamente congelados?

« El Viento… Los vientos llegaron por el Norte. Había uno entre ellos, rubicundo y rosa, que traía una fuerza contenida, pero infalible; empujaba y limpiaba todo lo que encontraba en su camino, dejando –curiosamente– de nuevo, todo en el mismo sitio, como si nada hubiera pasado. Este viento, que llamaremos El Viento Amigo, era un viento basurero –o limpiador–; y opuesto a este, había otro, oscuro y concentrado, que tenía un carácter muy malo y solo soplaba muy raramente, pero sin la más mínima consideración, y así, el podía barrer todo a su paso y dispersarlo a diez mil leguas a la ronda. Llamaremos a éste, El Viento de la Desolación, porque aunque soplando durante muy breves instantes, sus obras eran las de un verdadero demonio. Puesto que después de su pasaje no se reconocía más nada; la superficie de la tierra y de los horizontes olímpicos, se hallaba completamente transformados; a tal punto, que un día, los unos y los otros decidieron hacer una asamblea para encontrar un remedio a esta situación que les hacía quejarse tanto. Y fue así que los ríos se concertaron, y desde ahí donde se encontraban, cada uno tomó un camino diferente para llegar lo más rápido al punto de encuentro elegido en el centro del valle de la montaña más alta de la región. Así, las lluvias que durante todo ese tiempo se habían desencadenado sin parar, como para convencer a los Vientos Maliciosos de parar o disminuir su cólera, poco a poco se fueron deteniendo, y dieron lugar al Viento Amigo cotidiano, más conocido como el basurero o el limpiador, que traía nuevamente la calma y la serenidad, tanto en la tierra como en los jardines del Olimpo. »

12 Buxtehude – Trio Sonata In G, BuxW-Buxtehude-La Reveuse-Sonates-Reinken-Hortus Musicus

 

ATTENDRE… PATIENCE…

« Attendre ou ne pas attendre – faire coexister les deux – et s’il n’y avait rien à attendre, attendre encore ; quoi faire d’autre ? Tenter d’atteindre l’état de quiétude nécessaire à la Patience.

« Attendre, sans vraiment attendre, veut dire, commencer à attendre tout de suite, c’est-à-dire, avec impatience. Pourtant, il n’y a que La Patience qui ne se fatigue du temps d’attente. Par conséquent, est-ce la solution que d’attendre et d’être patient tant que nous sommes vivants ?

« Car, il ne s’agit pas d’être patient parce qu’il y aurait une promesse, mais d’attendre pour connaître une vérité. Pourquoi accepter les misères, l’oppression et les messages mensongers ? La nature humaine ne changera pas…

« À moins que s’opère une communion dans La Patience ; là, où les uns et les autres pourraient s’attendre, en œuvrant à la survie des générations à venir. N’est-ce pas le prix à payer pour sortir des ténèbres de l’indifférence, de la médiocrité et de l’intérêt mesquin.

« Homme ! regarde en arrière, et dis Merci, regarde en avant, et aie Pitié… Le navire où tu te trouves est balloté comme le dé dans un jeu de hasard. Ton vrai capital est ce que tu as vécu, pour ce qui reste… patience… Et puisqu’il n’y a rien à attendre, se limiter à ne juger que soi-même, sans attendre de premier ni second ni dernier jugement.

« Être patient… Attendre… mais attendre quoi ? Pour ceux qui sont attachés à la tradition de l’espoir céleste dans une insouciance chronique, il ne reste d’autre solution que la tempérance, fruit de la patience, mais celle-ci, ce n’est pas chose aisée que de la trouver.

« Et c’est à Thésée que cela revient, engagé comme il se trouve dans les méandres du labyrinthe où se joue cette Odyssée ; donc, maintenant, suivre le fil d’Ariane, pour retrouver Penelope et le Peuple disparu.

« Pas besoin de persévérer, de se réfugier dans une sorte d’obstination qui serait cette ‘Espérance’, comme s’il s’agissait d’une volonté d’atteindre, d’obtenir quelque chose ou bien au contraire, de se résigner, d’accepter une défaite ou exprimer un désespoir ; tout simplement : Attendre… d’une attente désintéressée de ne savoir quoi ni de ne vouloir quoi que ce soit, en laissant place ainsi, aux ‘Miracles’.»

12 Buxtehude – Trio Sonata In G, BuxW-Buxtehude-La Reveuse-Sonates-Reinken-Hortus Musicus

 

______________

Version en espagnol

 

ESPERAR…  PACIENCIA…

« Esperar o no esperar – hacer que los dos coexistan – y si no hubiera nada que esperar, esperar aún; que hacer sino? Intentar alcanzar el estado de quietud necesaria a la Paciencia.

« Esperar, sin realmente esperar, quiere decir, empezar a esperar ya mismo, es decir, con impaciencia. Sin embargo, solo La Paciencia no se fatiga del tiempo de espera. ¿Entonces, la solución es de esperar y ser paciente mientras estamos vivos?

« Puesto, que no se trata de ser paciente porque existiría una promesa, sino de esperar para conocer una verdad. ¿Por qué aceptar las miserias, la opresión y los mensajes mentirosos?  La naturaleza humana no cambiará …

« A menos que haya una comunión en La Paciencia; ahí, donde los unos y los otros podrían esperarse, obrando para la supervivencia de las generaciones a venir. ¿No es ese el precio a pagar para salir de las tinieblas de la indiferencia, de la mediocridad y del interés mezquino?

« ¡Hombre! mira hacia atrás, y di Gracias, mira hacia adelante, y ten Piedad… La nave en donde te encuentras es sacudida como el dado en un juego de azar. Tu verdadero capital es lo que has vivido, en cuanto a lo que queda… Paciencia… Y puesto que no hay nada que esperar, limitarse a no juzgar que a sí mismo, sin esperar ni primero ni segundo ni último juicio.

« Ser paciente… Esperar… ¿Pero esperar que? Para esos que están apegados a la tradición de la esperanza celeste con una despreocupación crónica, no queda otra solución que la templanza, fruto de la paciencia, pero ésta, no es nada fácil de encontrarla.

« Y es a Teseo que ello incumbe, comprometido como él se encuentra en los meandros del laberinto donde se juega esta Odisea;  entonces, ahora, seguir el hilo de Ariadna, para encontrar a Penélope y al Pueblo desaparecido.

« No es necesario perseverar, refugiarse en una especie de obstinación que sería esa ‘Esperanza’, como si se tratara de una voluntad de alcanzar, de obtener algo o por el contrario, de resignarse, de aceptar una derrota o expresar una falta de esperanza;  Simplemente: Esperar… en una espera desinteresada de no saber qué ni de no querer lo que sea, dando lugar así, à los ‘Milagros’. »

09 Deus noster refugium, S 54 (1699)-De Lalande –  Grands Motets (Gester_ Opus-Martin Gester_ Le Parlement De Musique

 

CIEL… HORIZON…

« Ma chère lyre, j’ai atteint ce nuage et m’apprête à explorer les pics effilés de cette montagne, avant de descendre pour te rejoindre. L’albatros où je me trouve logé ne cesse de m’interpeller à ton sujet – jaloux sûrement de l’amour que tu m’inspires -, ma lyre, mon épouse, mon charme. Parfois, je me redresse complètement pâmé, avec les yeux somnolents d’un pingouin et toute l’allure d’un clown ; tiraillé entre la quête de liberté et l’esclavage volontaire de l’amour. C’est pourquoi, aujourd’hui, je me retrouve en toi, gentil oiseau migrateur, chère carapace de poète ermite,

« Je te vois dans la sécurité de l’azur céleste, là, où se trouvent ces nuages ; tu te trouves éclairée dans un jeu de lumières, colorées, blanchâtres et d’or clair. Tu m’attends là, et à mille lieues, et dans plusieurs langues, à laquelle plus mystérieuse que réservée ; dans ces lieux où l’amour intime ne se livre qu’à celui qui chante, qui connaît et reconnaît ta grotte, notre cachette – peuplée de petits mammifères rieurs et très camarades – ; scellée dans Le Peuple Secret des Amis.

« Si Ridipar – Le Rimeur – pouvait nous entendre, je lui dirais de ne pas oublier d’inclure dans ses sonnets les notes de nos sentiments ; ceux qu’éprouvent les albatros en faisant des dessins blancs sur céleste, en conjuguant les points et les lignes avec les horizons et les solstices, de toutes ces curieuses merveilles, que Ma Mie et moi, ne nous fatiguons jamais d’apprécier ; ma chère Lyre qui chante, qui pleure, qui festoie et relève chaque souvenir ; de la naissance, par la cigogne et de la mort, par la faux ; de la cigogne blanche sur les toits des églises, avec ses petits dans leurs nids, présidant à la naissance de ces vers dans les aurores froides de France ; terre, où vont et viennent les semeurs de grains de toute l’Europe.

« Ainsi, ce continent qui se formait dans mes yeux, dessinait des paysages entourés, protégés, relevés par ma vue, devenue elle-même des paysages en mouvement, représentant mon pays ou le pays chéri par les pupilles de mes yeux. Certes, si les paysages donnent l’illusion de se découper dans des carrés, comme les fenêtres et les portes, au contrario, le terrain où se trouve la maison de l’arpenteur que je suis depuis le début, prouve que le paysage est rond comme la prunelle d’un œil regardant beaucoup de kilomètres autour de soi. »

_________________

Traduit à l’espagnol

15-Cabezón_-Quien-Llamo-Al-Partir-Pa-Canto-a-mi-caballero-Capriccio-Stravagante-Skip-Sempe.

CIELO… HORIZONTE…

« Mi querida lira, he llegado a esta nube y me dispongo a explorar los picos afilados de esta montaña, antes de bajar para encontrarte. El albatros en el que me encuentro albergado no cesa de interrogarme respecto a ti – seguramente que celoso del amor que tú me inspiras -, mi Lira, mi esposa, mi encanto. A veces, yo me yergo completamente extasiado, con los ojos soñolientos de un pingüino y todo el aspecto de un payaso; desgarrado entre una búsqueda de libertad absoluta y una esclavitud voluntaria de amor. Es por eso, que hoy, yo me encuentro en ti, amable pájaro migratorio, querido caparazón de poeta ermitaño.

« Te veo en la seguridad del celeste azul, ahí, donde están esas nubes; tú te hallas iluminada en un juego de luces, coloridas, blanquecinas y de oro claro. Tú me esperas ahí, y a mil leguas, y en diversas lenguas, a la cual más misteriosa que reservada; en esos lugares donde el amor íntimo no se abre que a ese que canta, que conoce y reconoce tu cueva, nuestro escondite – poblado de pequeños mamíferos risueños y muy compañeros, sellados por la gente secreta de amigos.

« Si Ridipar – El Rimador – pudiera escucharnos, le diría que no olvide de incluir en sus sonetos las notas de nuestros sentimientos; los que experimentan los albatros al hacer todos esos dibujos blancos sobre celeste, combinando los puntos y las líneas con los horizontes y los solsticios de todas estas curiosas maravillas, que Mi Amiga y yo, no nos cansamos nunca de apreciar; mi querida Lira que canta, que llora, que festeja y recoge cada recuerdo; del nacimiento, por la cigüeña y de la muerte, por la guadaña; de la cigüeña blanca sobre los tejados de las iglesias, con sus crías en sus nidos, presidiendo al nacimiento de estos versos en las frías auroras de Francia; tierra, donde van y vienen los sembradores de granos de toda Europa.

« Así, el continente que se formaba en mis ojos, dibujaba paisajes rodeados, protegidos, observados por mi vista, que se había vuelto ella misma paisajes en movimiento, representando à mi país o al país querido por las pupilas de mis ojos. Es cierto, que si los paisajes dan la ilusión de recortarse en cuadrados, como las ventanas y las puertas, al contrario, el terreno donde se encuentra la casa del topógrafo que yo soy desde un principio, prueba que el paisaje es redondo, como la pupila de un ojo mirando muchos kilómetros en torno suyo. »

HORIZON… ABYME…

« Il se rappelait toujours des diverses légendes ayant circulé autour de l’abîme ; là-bas au loin, derrière l’horizon : où voyageurs, soldats, marins, furent engloutis. Seuls certains avaient survécu pour le raconter. Et ceux-ci, ayant été témoins, racontèrent des histoires effrayantes. Pourtant, cette fois-ci, il ne tint pas compte de ce qu’il considérait des balivernes, et tel qu’il l’avait décidé ; cette fois-ci, il irait jusqu’à là-bas, aux confins mêmes ; au bord abyssal des eaux et des terres lointaines.

« Ainsi, prenant un chemin qui ressemblait beaucoup à la robe d’une femme claquant furieusement le sol, et ceci, sous un vent de mille démons ; après plusieurs jours de marche de ce capricieux chemin, ayant traversé une épaisse forêt, et après, ressortit d’un petit bosquet, arriva à la lisière d’un champ et monta tout en haut du premier arbre qu’il trouva.

« Dégageant la vue d’entre les branches, il aperçu l’horizon et une sorte de conglomérat résidentiel, émergeant de ce qu’il imaginait  être le grand abysse, avec ses vapeurs pestilentielles et soporifiques. C’était la première fois qu’il voyait ça de si près ; en tout cas, jamais auparavant, il n’aurait osé se rapprocher autant. Entendant tout ce vacarme et voyant l’important mouvement de cette population, il se disait que ça devait être la grande ville, telle qu’il avait entendu parler, laquelle se ressemblait plus à un énorme casier, composé de vestiaires, consignes, maisons et d’autres choses. Son étonnement n’a pas eu de bornes, quand il découvrit la quantité énorme d’êtres humains qui vivaient là. Et il se demanda, alors, comment faisaient toutes ces gens, pour vivre dans ces étonnantes cages et de récipients ?

« Par mesure de prudence, il préféra ne pas y aller, et de rester éloigné, seulement pour regarder. Mais, beaucoup de temps s’était écoulé déjà, et il se trouvait maintenant, dans une sorte de sensation, à la fois, narcotique et inquiétante, du type “observateur-observé”. Dans cet état curieux de contemplation soporifique, soudain, il vit arriver une voiturette à haut-parleur et faisant un grand boucan, avec toutes ses annonces publicitaires et sa musique du plus mauvais goût inimaginable.

« En même temps, de l’autre côté, il vit une longue chaîne humaine qui traversait un pont qui se trouvait juste sous une horloge ; alors, il se dit que celui-là devait être le pont des heures, dont il en avait tant entendu parler. En ce qui concerne tous ces humains qui arrivaient, il découvrit que c’étaient des gens très malheureux, qui arrivaient enchaînés, et qui on ramenait comme du bétail frigorifié, des usines à leurs maisons, puisque c’était déjà le soir. Et pendant ce temps là, les haut-parleurs tonitruants de la voiture, faisaient la réclame du Paradis des Iles Vertes, lequel se trouvait, au milieu des Cieux Bleus des Tropiques. »

10 La Leclair-Antoine Forqueray-Pièces De Viole

 

 

_______

[Traduction à l’espagnol]

HORIZONTE… ABISMO…

« El recordaba siempre las diversas leyendas que habían circulado en torno al abismo; allá a lo lejos, detrás del horizonte: donde viajeros, soldados, marineros, fueron tragados. Solo algunos habían sobrevivido para contarlo. Y éstos, que habían sido testigos, contaron historias espeluznantes. Sin embargo, esta vez, él no tendría en cuenta todas esas tonterías, y como él lo había decidido; esta vez, iría hasta allá, hasta los confines mismos, hasta el borde abismal de las aguas y de las tierras lejanas.

« Así, tomando un camino que se parecía mucho al vestido de una mujer  golpeteando furiosamente el suelo, y ello, bajo un viento de mil demonios; luego de varios días de marcha por ese caprichoso camino, habiendo atravesado una espesa selva, y luego salido por un pequeño bosque, llegó a los límites de un campo y subió al primer árbol que encontró.

« Despejando la vista entre las ramas, vio el horizonte y un especie de conglomerado habitacional, emergiendo de lo que él imaginaba ser el gran abismo, con sus vapores pestilentes y soporíficos. Era la primera vez que él veía eso de tan cerca; en todo caso, nunca antes se hubiera atrevido a acercarse tanto. Escuchando todo ese alboroto y viendo el movimiento importante de esa población, él se decía que esa debía ser la gran ciudad, tal que él había oído hablar, la cual se parecía más a un enorme armario, compuesto de vestuarios, consignas, casas y otras cosas. Su sorpresa no tuvo límites, cuando descubrió la cantidad enorme de seres humanos que vivían ahí. Y se preguntó, entonces, ¿como hacía toda esa gente, para vivir en esas curiosas jaulas y recipientes?

« Por una cuestión de prudencia, él prefiere no ir, y quedarse alejado, solamente para mirar. Pero, mucho tiempo había pasado ya, y él se encontraba ahora, en una especie de sensación, al mismo tiempo, narcótica e inquietante, del tipo “observador-observado”. En ese curioso estado de contemplación soporífica, de pronto, vio llegar una carriola con altavoces y a todo volumen, haciendo gran alboroto con sus anuncios y su música del peor gusto imaginable.

« Al mismo tiempo, del otro lado, vio una larga cadena humana que atravesaba un puente que estaba precisamente debajo de un reloj; entonces, él se dijo que ese debía ser el puente de las horas, del cual tanto había oído hablar. Respecto a todos esos humanos que llegaban, descubrió que era gente muy desgraciada, llegando encadenada, que traían como ganado congelado, en el trayecto que va de las fábricas a sus casas, porque ya era el anochecer. Durante ese tiempo, los altavoces atronadores del automóvil, anunciaba el reclame del Paraíso de las Islas Verdes, el cual se hallaba en medio de los Cielos Azules del Trópico. »

20 Morales_ Missa Dezilde Al Cavalle-Canto a mi caballero Capriccio Stravagante Skip Sempe